Insuline
Publié le 05 mar 2025Lecture 20 min
Délivrance automatisée d’insuline et activité physique : regards croisés (2e partie)
Laurent MEYER, service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Hôpital de Hautepierre

Si les prises de position émanant de différentes sociétés savantes ont le mérite d’éclairer les prescripteurs potentiels de délivrance automatisée d’insuline (DAI) sur la manière de gérer les situations d’activité physique avec les différents systèmes disponibles, les préconisations des fabricants peuvent également influencer les messages éducatifs des équipes soignantes. Finalement, que proposent aux patients concernés les prescripteurs de ces systèmes de DAI ? Quelles sont leurs pratiques avec les différents systèmes existants en cas d’activité physique modérée et/ou régulière ? Et en cas d’activité sportive très intense ou très longue (ou les deux) ? Et les patients, que font-ils vraiment ? Suivent-ils toujours les conseils donnés ? Voyons quelques témoignages recueillis sur ce sujet.
Qu’en pensent les diabétologues sur le terrain ?
Comment concilier au quotidien les recommandations des différentes sociétés savantes, les préconisations des fabricants et les besoins spécifiques des patients ? Face à la multiplicité des situations cliniques rencontrées et donc à la difficulté de codifier précisément les conduites à tenir, plusieurs diabétologues français très impliqués dans le sujet ont accepté de témoigner sur leurs pratiques.
Témoignage d’expérience DAI et activité physique du Pr Sandrine LABLANCHE (Chef de service, endocrinologiediabétologie-nutrition, CHU de Grenoble)
« Depuis maintenant un peu plus de 3 ans, la boucle fermée s’est imposée comme le traitement de référence dans la prise en charge des personnes vivant avec un diabète de type 1. Si cette nouvelle modalité de traitement a contribué à considérablement améliorer la qualité du contrôle glycémique et la qualité de vie des patients équipés avec ces dispositifs, mon sentiment est que beaucoup de patients sont déçus des performances des systèmes lors de l’activité physique. Les patients attendaient une totale prévention des hypoglycémies lors de l’activité physique d’endurance et une plus grande spontanéité dans leur pratique. Or, dès l’initiation de la boucle fermée, nous sentons bien une pointe de déception lorsque nous les formons à la gestion de l’activité physique car les conseils donnés sont finalement assez peu différents des conseils qu’ils connaissaient et qui restent assez contraignants pour les patients :
– nécessité d’anticipation de l’activité physique avec activation des modes de gestion de l’activité physique au moins 60, voire 90 min avant le début de l’activité physique (objectif temporaire pour le dispositif 780G, mode activité physique pour la Tandem Control-IQ, mode Ease-off pour le système CamAPS) ;
– contrôle de la glycémie en début d’activité physique et resucrage préventif si la glycémie est trop juste ;
– garder un œil sur la glycémie lors de l’activité physique et conduite d’un resucrage préventif ou correctif si nécessaire.
Si la boucle fermée permet une amélioration du contrôle glycémique lors de la pratique de l’activité physique, la totale liberté d’esprit avant et pendant l’activité physique n’est encore pas de mise ! »
Témoignage du Pr Jean-Pierre RIVELINE (Professeur d’endocrinologie et diabétologie, Hôpital Lariboisière, Paris)
« C’est une évidence, l’accès au remboursement de l’insulinothérapie automatisée (IA) a été une révolution pour les soignants mais surtout pour les personnes vivant au quotidien avec un diabète de type 1 qui ont eu la chance d’initier les systèmes. Deux principales raisons à cet engouement : une amélioration métabolique inédite et un allègement partiel mais réel des contraintes liées à cette pathologie. La seule réserve relative rapportée par certains grands sportifs est la persistance des difficultés à gérer les excursions glycémiques au cours des activités physiques intenses. Certes, tous les systèmes ont un mode « sport » permettant de relever l’objectif glycémique avec modalités de fonctionnement différentes d’un appareil à l’autre. L’objectif de cette fonction est de prévenir la survenue des hypoglycémies. Compte tenu de l’inertie du système, les patients ont pour instruction d’activer ce mode en amont de l’initiation de l’activité, au moins 1 heure avant et de le prolonger 2 heures après. Si les adaptations des algorithmes au cours d’une activité modérée sont souvent efficaces, ce n’est pas le cas dès que cette activité devient plus intense. Dans ces situations, la brutalité des mouvements glycémiques n’est que partiellement prévenue par les différents systèmes. La suppression de l’administration de micro-bolus au cours du mode sport présent dans certains systèmes est un des axes d’amélioration. Nous conseillons aux grands sportifs de ne pas modifier leur adaptation au cours d’un sport intense par rapport au passé en raison de la persistance du risque hypoglycémique. Un mode « sport intense » plus efficace permettant une adaptation glycémique plus robuste est attendu dans les futurs algorithmes. »
Témoignage du Dr Ania FLAUS-FURMANIUK (Service de diabétologieendocrinologie, CHU Félix Guyon, Saint-Denis de La Réunion)
« Nous nous intéressons à l’utilisation de la BF chez les sujets sportifs depuis janvier 2021, à la demande de nos patients et suivons des athlètes de haut niveau qui participent à des compétitions d’ultra-trail et un plongeur de niveau 3. Dans ce contexte, nous avons mis en place un accompagnement basée sur l’éducation individuelle, réflexion très pragmatique autour du retour d’expérience du patient pour s’adapter au mieux quotidiennement aux besoins des athlètes. Nous avons été guidés depuis le début par une analyse très rigoureuse des courbes glycémiques en corrélation avec les données de montres connectés (distance, durée, topographie, vitesse, timing) et/ou de l’ordinateur de la plongée et des tableaux des apports nutritionnels et débriefings communs avec les sportifs. Nous avons pu analyser particulièrement bien les systèmes Tandem (CIQ) et Medtronic (780G).
Les points forts de la BF pour l’utilisation chez les sujets sportifs :
– il s’agit d’un traitement plus physiologique dont les avantages sont multiples avec en particulier diminution du temps passé en hyperglycémie, meilleure gestion des hypoglycémies et nette amélioration de la gestion de la phase post-exercice. Cette amélioration de l’équilibre métabolique global permet d’obtenir une meilleure performance et d’améliorer la récupération post-effort ;
– de nombreux sportifs, en particulier ceux qui sont bien équilibrés au long cours, tolèrent mal l’hyperglycémie souvent associée avec des crampes, myalgies ou un inconfort musculaire. L’utilisation des systèmes automatisés, permet en effet de corriger des resucrages excessifs et/ou l’hyperglycémie secondaire à l’action hyperglycémiante des hormones de stress (adrénaline et cortisol en particulier) ;
– la gestion des hypoglycémies est plus fine avec une diminution progressive du débit basal (ensemble des systèmes), une absence de bolus de correction automatiques en mode sport (780G), ou encore des profils spécifiques avec des facteurs de correction modifiables (CIQ). Les resucrages sont plus efficaces vs les systèmes classiques ;
– le caractère plus physiologique de ce traitement demande aux praticiens d’adapter suivi des patients et de personnaliser davantage les conseils.
L’analyse des données de nos quatre coureurs de l’ultratrail (590 h d’activité physique continue) utilisant les deux systèmes commercialement disponibles de la BF en France (Medtronic 780G et Tandem CIQ) a montré un excellent équilibre glycémique avec seulement 1 % de temps passé au-dessous de la cible glycémique (TBR, < 70 mg/dL) et 85 % de temps passé dans la cible (70-180 mg/dL). L’apport glucidique doit être démarré dans les 30 min suivant le départ pour éviter la chute glycémique quasi systématique dans la 1re heure du trail. En cas d’hyperglycémie, le patient doit être vigilant sur la baisse rapide de glycémie secondaire à la correction et se resucrer dès que la glycémie atteint 120-130 mg/dL. Cela est encore plus important chez les sportifs sous CIQ du fait des bolus automatiques persistants en mode sport. Au décours d’une activité physique prolongée le mode sport doit être maintenu pendant 4-6 h. Nous préconisons le mode sport pour l’ensemble des systèmes la nuit qui suit l’effort. »
Témoignage d’expérience DAI et activité physique - Dr Saïd BEKKA (Institut de diabétologie et nutrition du Centre [INDC], Mainvilliers)
« L’avènement des boucles semi fermées (BSF) a radicalement changé la vie de tous ceux qui peuvent en bénéficier. L’amélioration des paramètres glycémiques, la diminution du risque d’hypoglycémie, des excursions hyperglycémiques sévères et surtout le bénéfice sur la qualité de vie sont salués par la majorité des patients DT1. Restent cependant deux écueils pour alléger la « charge mentale » : l’annonce des glucides et l’utilisation du système lors de l’activité physique. Pour ce chapitre important, en effet, des adaptations préalables sont nécessaires pour éviter des hypoglycémies, lors de l’effort ou au décours, et les pics d’hyperglycémie lors de la récupération. Pour le sportif régulier amateur, adepte des séances aérobies de moins d’1 h de moyenne intensité, les 3 systèmes les plus utilisés (780G, CIQ, CamAPS) permettent, à condition d’avoir déclenché au moins 1 h avant le mode activité physique ou le débit temporaire, d’espérer conserver une glycémie compatible avec l’effort sans resucrage.
En revanche, si l’activité est prolongée plus de 2 h à une intensité élevée, plus la réserve glycémique de départ est importante, mieux l’effort est supporté. La valeur cible de 1,50 g/L de certains algorithmes pour le mode activité physique est souvent un facteur limitant dans ces conditions. Il est donc proposé d’activer le mode exercice au moins 2 h avant le début de l’activité, de limiter l’insuline active en minimisant le comptage des glucides au repas précédent (avec cependant une grande vigilance sur la possible « contre-attaque » de l’algorithme), et selon l’algorithme, de prévoir un resucrage après 1 h 30 d’effort selon l’évolution de la glycémie. Grâce aux BSF, il est donc possible maintenant de pratiquer de l’activité physique en évitant les fluctuations glycémiques incessantes qui étaient jusqu’alors la hantise des patients DT1. Cependant il est souhaitable de bien se renseigner sur le niveau sportif du patient, sur ses objectifs et sur ses séances prévues afin de choisir le système le plus adapté. De même la possibilité de « débrider » les valeurs cibles sur les nouveaux modèles de BSF devraient permettre une nouvelle fois d’élargir le champ des possibles dans le sport. »
Le regard de l’enseignant en activité physique adaptée (EAPA) - Hugo GÉRARD (Service d’endocrinologiediabétologie-nutrition, Hôpitaux universitaires de Strasbourg)
« L’activité physique adaptée (APA) est mise en œuvre sous forme d’éducation thérapeutique du patient (ETP) dans notre service de diabétologie. Elle a une place à part entière dans la prise en charge du patient qui est déjà ou qui va être mis sous boucle fermée. Il faut distinguer les patients qui pratiquent uniquement des activités physiques du quotidien et les patients qui font en plus des activités physiques sportives. Mon rôle est de faire comprendre aux patients que faire de l’activité physique, ce n’est pas uniquement faire du sport. De nombreux patients me rapportent : « Vous savez lorsque je fais du ménage, du jardinage, je fais une hypoglycémie ». Ils ne connaissent pas le mode spécifique pour l’activité physique de leur boucle fermée ou ils pensent qu’il n’est pas nécessaire de l’activer dans ces cas.
Je conseille donc aux patients de repérer, lors d’une activité physique et/ou sportive, les variations de leur glycémie, afin d’identifier la baisse moyenne lors des activités d’endurance. Lorsque le patient doit ensuite réaliser son activité, il peut se baser sur cette valeur à laquelle viennent s’ajouter « différents paramètres extérieurs » qui vont faire évoluer cette glycémie moyenne (ces valeurs peuvent être relevées via un journal d’activités physiques).
Lors d’une mise en boucle fermée en hospitalisation de semaine, la prise en charge se fait en fonction du plan thérapeutique du patient. En effet, l’objectif n’est pas le même pour tous. Certains vont bénéficier uniquement d’une séance théorique d’éducation thérapeutique, alors que d’autres vont avoir dans un premier temps une séance d’éducation thérapeutique, puis des séances pratiques d’activités physiques. Pour les premiers patients pris en charge avec le système CamAps, j’ai pu tester la boucle fermée à l’activité physique en modifiant la cible glycémique sur une période. Le retour fut très positif car nous n’avons pas observé d’hypoglycémie lors des séances d’activité physique. Les patients nous ont rapporté être satisfaits de la boucle fermée et avoir pu tester l’activité physique avec leur boucle fermée « dans un milieu de confiance ». La pompe 780G, ne laisse que très peu de possibilités puisque l’unique option est d’activer le mode objectif temporaire (augmenter provisoirement la cible glycémique), alors que d’autres systèmes, comme Diabeloop ou CamAPS, offrent plus de choix et de possibilités aux patients. Par exemple avec le système Diabeloop, le patient qui fait du ménage va pouvoir rentrer l’intensité de l’activité qui lui correspond, ce qui lui permettra de s’approprier ce mode activité physique.
Pour moi, la boucle fermée a pour objectif d’améliorer la qualité de vie du patient au niveau physique avec une diminution du nombre d’hypoglycémies durant l’activité, au niveau psychologique avec une réduction de la charge mentale liée à la pompe et au niveau social avec la possibilité de pratiquer des activités en se préoccupant moins de sa glycémie (possibilité d’augmenter l’alarme du capteur de glycémie).
Cependant, l’anticipation de l’activité physique reste un point clé pour qu’elle se passe le mieux possible. Dans la vie de tous les jours, cela revient à identifier dans le temps (ou mieux à planifier) les activités que l’on est susceptible de réaliser : même si on ne sait pas à quel moment de la demi-journée on les fera, il vaut mieux modifier le mode objectif temporaire pour toute cette demijournée que de l’activer trop tard. Ce qui est plus compliqué, ce sont les activités physiques qui n’ont pas pu être anticipées, car la boucle fermée n’arrivera pas forcément à faire le nécessaire pour faire monter la glycémie. J’aime rappeler aux patients que la boucle fermée fait plus facilement descendre la glycémie qu’elle ne la fait monter ! Même si la glycémie est supérieure à 150 mg/dL avant de commencer une activité physique, il vaut mieux activer le mode objectif temporaire pour éviter à la boucle fermée de faire descendre la glycémie à 120 mg/dL et avoir une mauvaise surprise au moment de commencer l’activité. Il est également possible de préprogrammer une activité physique avec les systèmes Diabeloop et CamAPS. L’EAPA a donc un rôle important pour le patient sous boucle fermée afin de lui permettre d’avoir une meilleure gestion de ses activités et lui rappeler les règles de sécurité à la pratique d’activité physique. L’anticipation reste une des clés pour réussir l’activité avec une gestion optimale de la glycémie. Il sera donc intéressant de voir dans les années à venir comment les différents systèmes vont prendre en compte cette question de l’anticipation afin d’obtenir la meilleure réactivité possible du système de boucle fermée. »
Qu’en pensent et que font réellement les patients concernés ?
Témoignage de Christian, ultra-trailer sur l’île de la Réunion
« Je cours depuis 2011 et avec la BF Medtronic depuis 2021. Je garde la BF activée tout le temps. Cela m’aide pour ajuster mes prises de glucides. J’ai fait mon premier trail avec la BF (72 km, 3900 mD+) en 21 h. L’année suivante j’ai parcouru la même distance en 17 h et cette année en 13 h avec 100 % de temps en glycémie normale. Mon plus long ultra-trail était de 165 km en 2023, j’ai couru 2,5 jours. Pour me préparer, je cours et fais du vélo tous les jours, j’active le mode sport au démarrage d’un entraînement et 2 h avant une compétition. Une bonne connaissance de la pompe est primordiale pour la pratique du sport de haut niveau.
La BF apporte une facilité et une sécurité pour gérer la glycémie pendant l’effort. C’est un de ses points forts et c’est ainsi qu’on peut savoir quand se resucrer ou pas.
Le point positif et négatif, c’est la nécessité de regarder régulièrement la pompe (perte de temps).
Pendant les courses il faut anticiper et appliquer les protocoles (cathéters arrachés, perte du signal capteur, changement de la pile, hypo- et hyperglycémie). »
Témoignage de Loïck, 35 ans, trailer en région parisienne
« Voici une analyse de ma gestion du diabète lors d’un trail de 36 km et 1 200 m de dénivelé positif le samedi 11 mai.
La course débutant à 11 h 45, et prenant mon petit déjeuner à 8 h30 je n’ai pas eu à adapter mon bolus du matin. En revanche, à 10 h 30 je suis passé en boucle ouverte et j’ai diminué mon insuline basale de 75 % pour éviter les hypoglycémies pendant la course. J’ai pris un premier gel sucré 5 min avant la course. Il était prévu d’en prendre un à peu près toutes les heures. J’ai pris un deuxième gel sucré au bout d’environ 1 h 15 de course ; malgré cela j’ai fait une hypo après 2 h de course environ, j’ai alors pris un 3e gel. J’ai dû en prendre un 4e 30 min après, la glycémie baissant trop. J’ai terminé par prendre un dernier gel après 4 h 30 de course (durée totale de la course 5 h 33). J’ai remis la boucle fermée 30 minutes après la course. »
Témoignage de Sylvain, ultra-trailer sur l’île de la Réunion
« Je n’étais pas du tout sportif avant. Depuis la BF, je me suis mis à la pratique de la course à pied, inspiré par le parcours de Christian. Il est possible d’avoir de très bons résultats glycémiques avec des entraînements réguliers et un bon suivi médical. Faire du sport sous BF est moins contraignant car il y a une meilleure gestion de la courbe glycémique. Cela apporte un certain confort, notamment lors des sorties longues.
Pour la BF, il s’agit aussi de bien se connaître et bien maîtriser son diabète.
Les points négatifs concernent les décollements des cathéters et des capteurs, surtout avec le climat de la Réunion (chaleur, transpiration). »
Témoignage de Pascaline, ultra-trailer sur l’île de la Réunion
« Étant diabétique de type 1 depuis peu (2021), j’ai été sous boucle fermée depuis une pratique assidue du trail. Avec un soutien médical, où ensemble on essaye d’améliorer nos courbes glycémiques, ça ne peut que fonctionner. Dans la tête on est serein parce qu’en amont tout a été vu ensemble (gestion de l’effort, alimentation, hydratation, lecture et compréhension des infos sur la pompe), on peut se dire qu’on peut faire n’importe quel sport avec la boucle fermée. Il faut juste se lancer. »
Témoignage d’Aymeric, plongeur à l’île de la Réunion
« J’ai 38 ans et diabétique depuis déjà 30 ans.
Au début beaucoup de sports nous étaient interdits, probablement en raison du risque d’hypoglycémie et du manque de connaissance de l’interaction entre ces sports et le diabète. J’ai découvert la plongée en 2006, lors de mon premier passage sur l’île de la Réunion. Un premier protocole avait été fait et nous avions le droit de passer le niveau 1 de plongée.
J’ai dû attendre que les autorisations évoluent grâce à certaines associations comme « diabète plongée ». J’ai donc pu passer le niveau 2 en 2012, avec des premières prérogatives de plongée qui étaient très restrictives. Elles se sont débloquées au fur et à mesure, jusqu’à atteindre les vraies prérogatives du niveau 2.
Plongeur très actif depuis 2019, je vis sur l’ile de la Réunion, je voulais évoluer et passer mon niveau 3.
Pour moi l’importance de ce niveau 3, était de voir avec une profondeur supérieure la variation de la glycémie. Je ne vous cache pas que j’ai pour objectif le niveau 4. Même si à l’heure actuelle aucun protocole pour l’encadrement n’est mis en place ni d’actualité à ma connaissance. Avant de passer le niveau 3, nous avons mis en place un protocole pour plonger avec la BF.
Ce protocole est très personnel, car nous ne réagissons pas tous de la même façon à un resucrage ou à une activité sportive, de même que les hormones de stress ou de joie provoquées par la plongée vont aussi jouer sur notre variation de glycémie. Mon protocole a déjà évolué plusieurs fois à la suite de changement de mes courbes de glycémies.
Après le passage du niveau 3, le protocole a été modifié sur les plongées plus profondes mais plus courtes. Ce travail se fait en étroite collaboration avec le Dr Flaus-Furmaniuk et mon club de plongée, très attentif au fait que je sois diabétique.
Pour ma part, ce parcours a été possible, et je les en remercie. Grâce à des clubs et des médecins passionnés comme le Dr FlausFurmaniuk, avec qui nous travaillons avec la BF et la plongée, avec le projet du niveau 4.
Il me tient à cœur de faire évoluer les protocoles et autorisations, car j’ai croisé de beaucoup diabétiques qui cachaient leur maladie pour pouvoir réaliser leur passion et prenaient des risques. Si un accident sur un diabétique survenait hors cadre, cela pourrait pénaliser tout le travail qui est fait pour nous donner accès à cette activité qui, je le rappelle, était longtemps interdite aux diabétiques.
Il est donc important d’informer les clubs sur les protocoles déjà mis en place et les possibilités de faire plonger un diabétique. Il est primordial que les diabétiques ne cachent pas leur maladie et soient bien suivis par un diabétologue. »
Témoignage de Jean-Noël, pongiste de la région de Chartres
« Ce que m’a déjà apporté la boucle fermée, c’est le retour d’une certaine insouciance, un confort de vie inégalé par rapport à ce qui se faisait avant. Une renaissance. La joie de vivre. Après quelques mois de capteur couplé à mapompe Minimed 780G, j’avais déjà perdu une dizaine de kilos pour atteindre de ce fait 80 kg pour une taille de 1 m 80. J’ai toujours adoré pratiquer le tennis de table. Sans être un champion je me débrouille plutôt pas mal.
Concernant les entrainements (en moyenne 3 fois pendant 2 bonnes heures), quel régal ! Une à deux heures auparavant, je mets ma pompe en mode sportif et je ne fais plus d’hypoglycémies comme souvent autrefois durant mes séances. C’est très agréable. Au début mes partenaires me disaient « Mais tu ne manges pas aujourd’hui ? » - « Et non, plus besoin ! »
Donc quel bonheur de pouvoir courir de nouveau après la balle loin de la table.
Avec mon ancien poids, j’avais dû adapter ma technique de jeu : rester au maximum près de la table.
À présent, mon jeu est beaucoup plus varié ce qui me procure une belle satisfaction. Je fatigue moins en bougeant davantage. En compétition mes glycémies sont toujours aux alentours de 1 g en ayant réglé la pompe en mode sportif. Je joue souvent le soir en compétition, l’échauffement sérieux commence à 20 h et à 20 h 45 les matchs débutent. Arrive alors le stress de la compétition que j’ai encore du mal à gérer. Cela fait pourtant longtemps que je pratique ce sport mais après deux matchs je suis souvent aux alentours des 180 mg/dL. Il reste encore un double et deux autres matchs en simples. Nous terminons souvent vers minuit, une heure du matin. À ce moment-là, je suis souvent aux alentours des 250 mg/dL. Je bois beaucoup d’eau pour me sentir mieux pendant les matchs.
Le match terminé, c’est dans les heures à venir qu’il faut être très prudent, ne surtout pas compenser par un bolus manuel, sinon c’est retour des hypos vitesse grand V. Et le lendemain, être prudent également, s’il faut se rendre au marché, monter les marches des tertres. Il est même quasiment impératif de se mettre en mode sport.
Pour rien au monde je ne souhaiterais revenir à ce qui se faisait avant.
J’ai une vie plus confortable, me sens plus détendu (même si parfois persistent des soucis liés aux nouvelles technologies, telle la pompe qui se met à « dérailler ») mais c’est de plus en plus rare. Deux mots pour terminer, en direction des chercheurs, médecins diabétologues : bravo et merci ! »
Témoignage de Julien, sportif complet de la région de Chartres
« J’ai, 41 ans dont 31 partagés avec le diabète. Je ne me suis jamais interdit de faire du sport même si sa pratique n’a pas toujours été régulière. Depuis 6 ans j’en fais de manière beaucoup plus fréquente et intensive, généralement je cours 2 à 3 fois par semaine, et dès le retour des beaux jours le vélo et la randonnée viennent compléter le programme. Chaque année se doit d’avoir son petit challenge personnel. Au compteur pour le moment 3 semi-marathons, de multiples courses routes ou trail, un 100 km vélo, un triathlon S, un formidable trek de 10 jours au Népal et dans le viseur cette année le Marathon pour Tous des JO. Afin de gérer au mieux ma glycémie, en dehors de mon alimentation et de mon hygiène de vie qui ne sont pas exempts de défauts, je dois composer avec l’équipement à ma disposition. Actuellement je suis équipé du système de boucle semi-fermée qui, s’il ne dispense d’anticiper, a le mérite de faciliter la prise en charge de l’effort. Pour avoir connu piqûres, stylos, pompe standard, il est indéniable que la charge mentale se trouve nettement amoindrie par ce système. Bien sûr, je prends quelques précautions avant chaque séance : enclencher le mode sport en amont, prendre une collation, mais quelle tranquillité d’esprit en cours d’exercice ; il peut m’arriver de ne pas contrôler ma glycémie lors de sortie. L’attention reste de mise mais cela est inhérent à notre pathologie, le diabète n’a rien d’une science exacte : la fatigue, le stress, le changement de climat… autant de paramètres extérieurs que le matériel ne saurait prendre en charge seul à 100 pour 100. Mais ne lui en demandons pas trop, aussi perfectionnée soit-elle, cette pompe ne peut fonctionner correctement qu’en binôme avec le patient. Néanmoins mes deux derniers semi-marathons, sous boucle fermée, se sont terminés dans la cible glycémique, et l’ascension du col Thorong au Népal affiche un résultat à 95 % dans la cible, sans hypoglycémie. Aurais-je réussi avec un autre type d’équipement ? Peut-être… mais en m’astreignant à un suivi bien plus poussé et contraignant. Ces résultats ne tombent pas du ciel, ils demandent de tester et d’adapter les protocoles, seul ou avec mon diabétologue mais la pompe elle-même gère et anticipe une partie des problèmes. Je sais que j’ai une partenaire, probablement perfectible, qui me permet de me concentrer sur mes objectifs purement sportifs plutôt que glycémiques. »
CONCLUSION
Si l’utilisation des systèmes de DAI a amélioré la qualité de vie au quotidien des sujets vivant avec un diabète de type 1, leur efficacité au cours d’une activité physique reste très dépendante de chaque système, du type d’activité, de sa durée et de son intensité mais également de chaque patient. Si les principes d’adaptation préconisés par les experts et les fabricants pour les différents systèmes sont incontournables, les ajustements subtils (nécessaires dans bon nombre de cas) seront obtenus grâce à l’expérience du terrain et uniquement grâce à elle. Il faudra donc partager régulièrement ces informations avec les patients par l’intermédiaire de tous les moyens de communication possibles en ayant cependant à l’esprit que pour un même patient, une même activité réalisée sur la même durée et avec la même intensité ne conduira pas nécessairement au même résultat glycémique. Ce défi du bon contrôle glycémique au cours de l’activité physique est un défi que les prochaines générations de DAI devront relever. Compte tenu des progrès exponentiels de l’intelligence artificielle appliquée au domaine de la santé en général et du diabète en particulier, on peut raisonnablement penser que ce défi devrait être relevé à un horizon pas si lointain.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :