Recommandations - Consensus
Publié le 31 mai 2010Lecture 2 min
Consensus, dissensus ou non sensus ?
Les conférences de consensus inondent notre quotidien. Leur lecture donne un sentiment de décalage entre théorie et réalité diabétologiques. À titre d’exemple, proclamer que l’objectif doit être une HbA1c inférieure à 6,5 %, alors que la majorité des patients sont au-dessus, revient à méconnaître toutes les difficultés que rencontrent les médecins pour obtenir des résultats satisfaisants malgré le renforcement de notre arsenal thérapeutique. Cette recommandation pour certains, incantation pour d’autres, est d’autant plus surprenante que ce sont les mêmes qui préconisent une HbA1c inférieure à 6,5 % ou à 7 % et qui déconseillent l’utilisation des nouvelles classes thérapeutiques sous prétexte de leur coût et du manque de preuves de leur efficacité sur la morbi-mortalité.
Analyser les courbes de morbidité ou de mortalité à partir d’études d’interventions randomisées sur de longues périodes est devenu la nouvelle religion de la médecine factuelle et des comités de consensus, qui fondent leurs recommandations sur ce type d’études. La vérité d’un jour est malheureusement transitoire car désavouée peu de temps après par d’autres études dont les résultats deviennent le nouveau credo. Ballotés entre des vérités et des consensus éphémères, les praticiens de terrain n’arrivent plus à discerner l’accessoire du fondamental.
Le consensus tourne au dissensus voire au non sensus.
L’exemple de la rosiglitazone est particulièrement instructif. Dans un premier temps, la polémique lancée par la métaanalyse de Nissen jeta la suspicion sur la rosiglitazone. Certains comités d’experts (ADA/EASD) s’en emparèrent pour retirer ce médicament de leur arbre décisionnel. L’étude RECORD a réhabilité la rosiglitazone, mais le mal était fait et le prescripteur reste toujours déboussolé ou perplexe. Réagir à l’actualité à chaud ne paraît pas être la meilleure méthode pour établir des consensus.
Analyser les résultats sur la durée en attendant la confirmation ou l’infirmation d’une donnée serait la démarche la plus appropriée pour hiérarchiser correctement les objectifs diagnostiques et thérapeutiques. Ce chemin semble malheureusement assez peu suivi. Pour essayer de le retrouver les experts recommandeurs de tous bords pourraient méditer deux citations présidentielles : la mitterrandienne « Donner du temps au temps » et la gaullienne « L’essentiel n’est pas de savoir ce que pensent les comités Théodule ». Ces deux citations ont le mérite de rappeler que notre but est essentiellement de choisir parmi toutes les propositions celles qui sont les plus durables et les plus adéquates pour un patient donné.
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