Publié le 31 mar 2012Lecture 2 min
Alimentation du diabétique : pas assez riche en glucides ? Commentaire sur un paradoxe
L. MONNIER, Hôpital Lapeyronie, Montpellier
L’étude SU.VI.MAX a conduit à un résultat à priori paradoxal :
les diabétiques de type 2 consomment moins de glucides (37,8 % des calories totales) et davantage de lipides (41,2 %) que les non-diabétiques (41 % de glucides et 40 % de lipides). Dans les deux populations, mais surtout chez les diabétiques, nous sommes bien loin des recommandations nutritionnelles : 50-55 % de glucides et 30-35 % de lipides.
Faut-il s’étonner devant de telles constatations ?
À première vue, oui. Après réflexion plus approfondie, c’est peut-être non.
- La première cause de ces comportements est clairement expliquée par H. Gin. Le simplisme excessif de certains messages nutritionnels du type « mangez moins de sucre » fait croire au patient que le diabète, maladie du métabolisme des glucides, doit être traité par une restriction glucidique.
- La deuxième explication réside dans le fait que les patients trouvent tout avantage à appliquer ce type de message. Réduire les sucres, en mélangeant pêle-mêle sucres simples et complexes (ces derniers étant constitués par des amidons qui n’ont ni goût, ni saveur), conduit le patient à une consommation accrue de produits alimentaires riches en lipides : corps gras, feuilletés et tartes salés, charcuteries, entremets sucrés. Le patient y retrouve son compte avec deux avantages évidents. D’un côté, il garde bonne conscience puisqu’il a « obéi » au prescripteur qui lui avait demandé de réduire les « sucres », de l’autre, il a flatté ses papilles gustatives grâce à l’onctueux des matières grasses, au salé des feuilletés…, au sucré des entremets….
Quelle attitude adopter ?
- En premier lieu, la prescription diététique devrait éviter les messages simplistes, du type « mangez moins de sucre ou ne mangez pas de sucre ».
- En deuxième lieu, la mise en place d’un programme nutritionnel médicalisé et individualisé devrait intégrer non seulement les recommandations nutritionnelles quantitatives, mais également toutes les composantes qualitatives, c’est-à-dire « hédonistes », en jouant sur les saveurs, les arômes et la sensation en bouche : onctueux, crémeux, croustillant, craquant…
Pour aller plus loin, la prescription diététique devrait s’affranchir des recommandations nutritionnelles trop rigides
Dire à un patient qu’il doit consommer 50-55 % de glucides et 30-35 % de lipides ne veut rien dire en soi, surtout quand on sait que ce type de recommandation est irréaliste. C’est l’absence de qualité gustative qui rend inapplicable ce type de répartition nutritionnelle. Dans ces conditions, faut-il s’étonner que de telles prescriptions conduisent à des comportements nutritionnels diamétralement opposés au but recherché ? S’il existe une réponse, n’est-il pas préférable de fixer des objectifs raisonnables (40-45 % de glucides, 35-40 % de lipides) qui permettent de maintenir une meilleure palatabilité de l’alimentation, en particulier en préservant l’onctueux et les arômes. Nombre de ces derniers sont contenus dans les graisses.
En conclusion
Une pratique alimentaire nutritionnellement imparfaite mais encadrée n’est-elle pas meilleure qu’une prescription théorique, nutritionnellement correcte mais infaisable, comme nous le proposent les recommandations officielles. Le débat est ouvert, mais pour notre part, nous avons fait notre choix. Les résultats publiés dans l’étude SU.VI.MAX ne font que nous conforter dans notre attitude.
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