Publié le 28 fév 2011Lecture 2 min
Diabète, insuline et cancer - L’insuline : plurielle et pourtant singulière
L. MONNIER, Institut Universitaire de Recherche Clinique, Montpellier
Plurielle, oui ! Pour preuve la séquence d’acides aminés, qui varie d’une espèce animale à l’autre. Et pourtant, singulière car, en dépit de leurs différences, les insulines gardent leur action hypoglycémiante quand elles sont utilisées dans une autre espèce. Tout ceci est bien connu. Les médecins ont longtemps prescrit des insulines animales à leurs diabétiques, et les vétérinaires continuent à traiter les animaux de compagnie avec des insulines humaines ou des analogues insuliniques.
Plurielle, encore et toujours, parce que l’insuline contrôle l’expression de quelques centaines de gènes et parce qu’en plus de son action hypoglycémiante elle exerce d’autres effets collatéraux. Les uns sont favorables : action anti-inflammatoire et anti-oxydante ; d’autres sont délétères : action lipogénique, effet sur la prolifération cellulaire et potentiel mutagène. Cette singularité fait de l’insuline une hormone à multiples facettes. Pour sortir de la quadrature du cercle il faudrait à la fois « exalter » ses effets favorables et réduire ou supprimer ses effets délétères. Tout thérapeute rêve d’analogues prolongés, qui se résorberaient de manière régulière, « flat long-acting insulin analogs », qui ne faciliteraient pas la prise de poids et qui seraient dépourvus de tout effet « facteur de croissance ».
Ces problèmes, à la fois pluriels et singuliers, sont au cœur des débats « insuline-cancer ». On en a beaucoup parlé en 2009, on en parle toujours en 2010 et on risque d’en parler encore longtemps surtout quand les débats mènent à des polémiques et bien au-delà à des rumeurs souvent infondées. Comme il est souvent plus difficile de tuer une rumeur que de prouver ou de rétablir une vérité, la pire des erreurs serait de conduire des patients insulinés à douter des qualités et des avantages de leurs traitements insuliniques. En revanche les débats actuels, à condition qu’ils restent à l’état de débats et qu’ils ne se transforment pas en polémiques stériles, ont le mérite de rappeler que l’insulinothérapie doit être couplée à des mesures hygiénodiététiques pour éviter l’hyperinsulinisation, en particulier chez le diabétique de type 2 insulinorequérant, mais qui reste insulinorésistant s’il ne consent pas à réduire sa surcharge pondérale.
Pour conclure ce débat sur l’insuline plurielle et singulière, évoquons ce que pourrait être l’étape suivante : la démonstration d’effets obéissant à un modèle « hormétique » c’est-à-dire d’effets défavorables en cas de doses insuffisantes ou excessives mais favorables à doses modérées, « homéostatiques » et situées entre deux seuils, inférieur et supérieur.
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