Patrice DARMON, CHU de la Conception, Marseille
Loin de la routine réconfortante des essais formatés dont on peut prédire le résultat à la simple lecture de leur design, certaines études ont ceci de précieux qu’elles parviennent à contredire nos prévisions ou à bousculer nos certitudes... Ce sont généralement ces études-là qui restent gravées dans nos mémoires : en diabétologie, pour ne prendre que deux exemples fameux issus d’un passé déjà plus tout à fait récent, tout le monde se souvient de la présentation des résultats de l’essai EMPA-REG OUTCOME lors du congrès de l’EASD de 2015 et de la standing ovation d’anthologie saluant l’ampleur jusque-là difficilement soupçonnable du bénéfice cardiovasculaire de l’empagliflozine, comme chacun garde encore en tête la douloureuse surprise de l’annonce d’une surmortalité dans le groupe « contrôle intensif de la glycémie » de l’étude ACCORD durant le congrès de l’ADA de 2008...
Sans prétendre à la renommée de ces deux illustres « blockbusters », l’étude nancéenne CONFI-DIAB, dont les résultats vous sont rapportés dans ce numéro, est de cette lignée de travaux originaux aux conclusions disruptives : elle montre, de manière plutôt contre-intuitive, que le contrôle glycémique des patients atteints de diabète de type 1 ou de diabète de type 2 a été maintenu, voire amélioré au cours du premier confinement lié à la Covid-19, sans doute grâce à la forte mobilisation des acteurs de soins primaires, au large recours à la télémédecine, mais aussi au niveau élevé d’éducation des patients concernant la gestion de leur diabète. Une jolie surprise donc, et comme suggéré par les auteurs, un futur modèle pour une gestion optimale de toutes les maladies chroniques ?