Publié le 15 oct 2021Lecture 3 min
Rein, hypertension et bloqueurs du système rénine-angiotensine-aldostérone - Que disent les recommandations ?
Pierre-Alain ROY, Grenoble
Au cours de l’année 2018 ont été mises à jour les recommandations ESC sur l’hypertension(1), et en 2020, les américaines KDIGO(2) sur la gestion du diabète dans le cadre de l’insuffisance rénale. Ces deux guidelines convergent quant à l’importance du blocage du système rénine-angiotensine (SRA).
Rappelons que le traitement initial comporte l’association d’un inhibiteur du SRA et un diurétique ou un inhibiteur calcique(1) (figure 1).
Figure 1. Une diminution du DFG avec élévation de la créatinine est attendue chez les patients en insuffisance rénale qui reçoivent un antihypertenseur, surtout lorsqu’il s’agit d’un bloqueur du SRA. Une augmentation > 30 % doit faire rechercher une néphropathie vasculaire.
L’indication thérapeutique est retenue dès 140/90 chez l’insuffisant rénal diabétique ou non par règles hygiéno-diététiques (la restriction sodée) et médicamenteuses (classe 1). L’association de deux bloqueurs du SRA est contre-indiquée (classe 3).
Les antialdostérones sont le traitement de 1re intention de l’hypertension résistante. Une vigilance particulière vis-à-vis d’une hyperkaliémie est recommandée lorsque le DFG < 45 ml/min/ 1,72 m2 ou kaliémie de départ ≥ 4,5 mmol/l (tableau 1, figure 2).
Figure 2. Conduite du traitement par inhibiteur du SRA ; KDIGO 2020(2).
Ce qu’il faut comprendre
La suppression de l’angiotensine 2 intra-rénale entraîne une dilatation de l’artère efférente (post-glomérulaire) plus que de l’artère afférente (pré-glomérulaire) et donc une baisse de la pression intra-glomérulaire avec diminution de la pression de filtration et du DFG avec élévation de la créatinine.
Tous les bloqueurs du SRA (IEC/ARA2) peuvent induire une insuffisance rénale aiguë :
• En cas de maladie réno-vasculaire, notamment de sténose de l’artère rénale que l’on continue de rechercher après 30 ans de revascularisation rénale sans effet, tant sur le plan de l’hypertension que sur le pronostic rénal et cardiovasculaire. La revascularisation des sténoses athéromateuses est désormais classée en grade 3 (contre-indiquée). Le traitement préconisé est bel et bien un bloqueur du SRA en cas de sténose unilatérale ou bilatérale sur rein unique si bien toléré et sous-surveillance étroite(3) (tableau 2).
• En cas de réduction de la perfusion rénale principalement en cas de déplétion hydrosodée avec baisse de la PA moyenne. En pratique, toute élévation de la créatinine justifie de rétablir le volume extra-cellulaire, vérifier la présence ou non d’une sténose des artères rénales avant de réintroduire un bloqueur du SRA à dose maximale tolérée (tableaux 3 et 4).
En pratique
▪ Les bloqueurs du SRA sont les seuls agents antihypertenseurs ayant montré une réduction du risque d’insuffisance rénale terminale(1 p. 38).
▪ Ils sont le traitement incontournable de l’hypertension et notamment dans le cadre de l’insuffisance rénale(1).
▪ Quand ces traitements sont utilisés chez des patients dont le DFG ≤ 30 ml/min/1,73 m2 une surveillance de la kaliémie est nécessaire. Refuser le traitement sur la seule donnée de la fonction rénale prive inutilement de nombreux patients d’un bénéfice cardiovasculaire. Les essais cliniques suggèrent que le bénéfice sur la progression de l’insuffisance rénale est d’autant meilleur que le DFG est bas à l’initiation du traitement(2).
▪ Réduire ou interrompre le traitement en dernier ressort en cas d’hypotension symptomatique, d’hyperkaliémie non contrôlée ou pour réduire les symptômes urémiques en cas d’insuffisance rénale avec un DFG < 15 ml/min/1,75 m2(2).
▪ Les antialdostérones sont le traitement de 1re intention de l’hypertension résistante(1). Une vigilance particulière vis-à-vis d’une hyperkaliémie est recommandée lorsque le DFG < 45 ml/min/1,72 m2 ou kaliémie de départ ≥ 4,5 mmol/l (associer une résine échangeuse d’ions)(1-2). Ils peuvent être responsables d’une diminution réversible de la filtration glomérulaire(2). Cependant, le rapport bénéfice risque à long terme n’est pas connu(2). De nouvelles antialdostérones sont en cours d’évaluation, la finérénone (FIDELIO Study)(5) améliore le pronostic rénal et cardiovasculaire des diabétiques de type 2 présentant une néphropathie.
Remerciements à Cyrille VALIENTE
Publié dans Cardiologie Pratique
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