Thérapeutique
Publié le 27 avr 2020Lecture 2 min
COVID-19 et diabète : des implications thérapeutiques ?
Le mode d’entrée dans les cellules des coronavirus via la liaison de leurs spicules à l’ACE2 (angiotensin-converting enzyme 2) a déjà fait couler beaucoup d’encre. Cette enzyme est, en effet, exprimée dans de nombreux tissus – tractus respiratoire, cœur, teins, intestins, neurones, endothélium et même pancréas. Lors d’une précédente épidémie d’infection à SARS-CoV, une étude par immunomarquage avait mis en évidence la présence du virus dans le tissu endocrine pancréatique, chez des sujets ayant développé un diabète pendant l’hospitalisation. De là est née l’hypothèse (non avérée) que l’infection des îlots pancréatiques par le SARS-CoV-2 contribue au plus mauvais pronostic observé chez les patients diabétiques.
Quelles incidences de l’infection sur la prise en charge du diabète ? Le débat sur le maintien des inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone, administrés à une grande proportion des patients diabétiques, est clos. Même si ces molécules augmentent l’expression tissulaire des ACE2, rien ne prouve que les patients sous traitement IEC/ARA 2 aient un risque accru d’être infectés par le SARS-CoV-2 et, s’ils le sont, d’avoir une évolution plus défavorable.
A contrario, l’utilisation de la chloroquine/hydroxychloroquine fait toujours débat. Si cette molécule a effectivement fait preuve d’effets indiscutables sur les coronavirus in vitro, nous sommes toujours dans l’attente de preuves indiscutables de son efficacité apportées par des essais cliniques rigoureux. Il faut aussi tenir compte de ses caractéristiques pharmacocinétiques particulières et des risques d’effets indésirables graves. L’hydroxychloroquine est un traitement approuvé du diabète de type 2 dans certains pays, notamment en Inde, chez les patients qui n’atteignent pas les objectifs sous bithérapie antidiabétique. Son mode d’action hypoglycémiant est assez mal connu. Dans le cas où cette molécule serait disponible pour le traitement du COVID-19, il va sans dire que la surveillance glycémique et l’adaptation des traitements hypoglycémiants devraient être particulièrement rigoureuses pour éviter les hypoglycémies.
Quant aux corticoïdes, ils n’ont pas démontré de bénéfices lors des précédentes épidémies à coronavirus, mais au contraire un retard à la clairance virale et une augmentation de la mortalité et des complications. En outre leur effet hyperglycémique et leur impact négatif sur la réponse immunitaire plaide en leur défaveur chez les patients diabétiques. Au final, seule une approche multidisciplinaire incluant la participation des spécialistes en diabétologie doit prévaloir pour gérer les patients diabétiques infectés par le SARS-CoV-2, à tous les stades de la maladie.
M. D.
Hussain A et al. COVID-19 and diabetes: knowledge in progress. Diab Res Clin Pract https://doi.org/10.1016/j.diabres.2020.108142
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