Publié le 31 mar 2014Lecture 3 min
Conséquences des hypoglycémies sur les fonctions cognitives des diabétiques de type 1
B. BAUDUCEAU, L. BORDIER, Service d’endocrinologie, Hôpital d’Instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé
La nécessité d’équilibrer le mieux possible les glycémies des diabétiques de type 1 afin d’éviter les complications n’est plus discutée par personne. Cependant, l’amélioration de l’équilibre glycémique implique une majoration du risque hypoglycémique. Dès lors, se pose la question des conséquences de ces hypoglycémies, en particulier sur les fonctions cognitives. La réponse à cette question d’importance n’est pas simple car nous ne disposons que de très peu d’études de suivi suffisamment longues.
L’hyperglycémie chronique favorise les troubles cognitifs
Le déclin cognitif paraît plus fréquent et plus important chez les diabétiques comparativement au reste de la population, comme le montrent de nombreuses études ; le niveau glycémique élevé est un facteur de risque par lui-même de survenue d’une démence. Ce fait crée un facteur confondant sur la responsabilité du diabète et des hypoglycémies sur la détérioration des fonctions cognitives, mais justifie l’optimisation de l’équilibre glycémique.
Les conséquences des hypoglycémies sont variables selon l’âge des diabétiques de type 1
Les conséquences des hypoglycémies sur les fonctions cognitives varient selon la fragilité des structures cérébrales, qui est majorée chez les enfants et les sujets âgés.
Chez les enfants présentant un diabète de type 1, les conséquences cérébrales sont bien établies après un coma hypoglycémique profond et prolongé pouvant aboutir à une encéphalopathie hypoglycémique. Sans parvenir à cette extrémité, la répétition des hypoglycémies avant l’âge de 5 ans entraîne une altération du rappel différé et de l’intelligence spatiale alors que l’exposition à l’hyperglycémie conduit plutôt à une réduction de l’intelligence verbale.
Un certain nombre de diabétiques de type 1 parviennent aujourd’hui à un âge avancé. Il semble vraisemblable que les conséquences des hypoglycémies sévères soient identiques à celles observées chez les diabétiques de type 2. Ainsi, les hypoglycémies graves survenues entre 55 et 65 ans semblent bien constituer un facteur de risque de survenue d’une démence après 20 ans d’évolution.
Les troubles cognitifs favorisent les accidents hypoglycémiques
Les démences constituent par elles-mêmes un facteur de risque important dans la survenue d’hypoglycémies sévères en raison du caractère aléatoire de l’alimentation de ces malades et des erreurs dans l’observance du traitement. Ces observations ont été faites chez des diabétiques de type 2 âgés mais tout laisse à penser que les troubles cognitifs favorisent la survenue de ces accidents chez les diabétiques de type 1 par des mécanismes voisins.
Au total, les événements hypoglycémiques doublent le risque de démence et l’existence d’une démence triple celui d’hypoglycémie.
Les résultats des grandes études de suivi sont rassurants
Cependant, les études DCCT et EDIC ont montré que ni la fréquence, ni la sévérité des hypoglycémies, ni l’appartenance au groupe de traitement intensif n’étaient associées au déclin cognitif. En revanche, une altération modérée mais significative de la vitesse d’exécution et des performances psychomotrices était observée lorsque l’HbA1c est la plus élevée. Ces résultats ont été confirmés dans le sous-groupe d’adolescents de l’étude.
Les conséquences néfastes des hypoglycémies mineures ne sont pas établies
Enfin, les conséquences des hypoglycémies mineures n’ont été objectivées dans aucune étude. Le risque d’hypoglycémie sur les fonctions cognitives ne doit donc pas constituer un argument pour un laxisme dans les objectifs glycémiques qui doivent être fixés individuellement en fonction du terrain et de la fragilité des malades.
Conclusion
Les hypoglycémies sévères retentissent sur le fonctionnement cérébral qui dépend fortement du glucose.
En dépit des perfectionnements des matériels et des stratégies thérapeutiques, les hospitalisations pour hypoglycémies dépassent aujourd’hui celles motivées pour une hyperglycémie.
Cependant, la crainte du retentissement des hypoglycémies sur les fonctions cognitives ne doit pas être un obstacle à l’optimisation de l’équilibre glycémique, notamment chez les sujets jeunes dont la longue espérance de vie les expose aux complications liées à l’hyperglycémie chronique.
Les auteurs ne déclarent pas de conflit d’intérêts avec la teneur de cet article.
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