Publié le 30 nov 2011Lecture 3 min
La durée du sommeil, un nouveau facteur prédictif du risque d'obésité
D’après la communication d’A. Tremblay, Université de Laval, Québec
Les fluctuations de la durée du sommeil sont importantes à considérer pour le déterminisme de l’obésité et des troubles du métabolisme glucidique.
Les données de plusieurs études épidémiologiques suggèrent que la durée optimale de sommeil serait de 7 à 8 heures par nuit et qu’une durée plus courte ou plus longue serait associée à une augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC), selon une courbe en U.
L’effet de la privation de sommeil passerait par des perturbations hormonales affectant en particulier les sécrétions de leptine et de ghréline.
La privation de sommeil perturbe le métabolisme hormonal…
Ces données d’études d’observation ont été confortées par des études d’intervention chez des sujets volontaires en laboratoire de somnologie. Ces sujets ont été soumis à une restriction du temps de sommeil (à 5-6 h), période durant laquelle les variables hormonales ont été mesurées et comparées aux valeurs obtenues sans restriction de sommeil (8 h) ; la restriction du temps de sommeil s’est accompagnée d’une diminution des sécrétions de leptine d’environ 20 %, d’une augmentation de celles de ghréline et de cortisol, tous deux connus pour leur effet orexigène, d’une augmentation de l’appétit et d’une diminution de la tolérance au glucose.
… favorise l’obésité
Dans le cadre du projet « Québec en forme », une étude transversale ayant inclus 422 garçons et filles âgés de 5 à 10 ans a montré une corrélation significative chez les petits dormeurs avec l’IMC, l’adiposité et la circonférence abdominale. Parmi différents facteurs connus pour être corrélés avec le risque de surpoids, le plus puissant est le manque de sommeil. En outre, chez le petit dormeur, la circonférence abdominale est plus grande que celle prédite par l’IMC, ce qui peut être interprété comme une prédisposition accrue à l’obésité abdominale.
Les mêmes observations ont pu être tirées de l’étude des familles du Québec chez les adultes : là encore, la masse grasse est significativement plus élevée chez les petits dormeurs et les taux de leptine sont inférieurs à la valeur prédite par leur masse corporelle. Qui plus est, le surpoids des petits dormeurs s’accentue au fil du temps. L’étude québécoise a permis d’identifier plusieurs facteurs de risque de surpoids chez l’adulte, outre une alimentation riche en lipides et le manque d’activité physique, la relative courte durée de sommeil ayant le poids le plus important bien qu’elle soit dénuée de valeur calorique.
… et l’intolérance au glucose
L’influence exercée par la privation de sommeil, comme par l’allongement de la durée du sommeil, peut s’expliquer par la baisse de la glycémie qui l’accompagne. L’aire sous la courbe des concentrations glycémiques sous le seuil d’hypoglycémie est, en effet, significativement plus importante en moyenne chez les petits dormeurs et les gros dormeurs. Dans le suivi de la cohorte québécoise (6 ans), l’hypoglycémie a été montrée associée non seulement à la prise de poids mais aussi à la survenue d’une intolérance au glucose. Les petits dormeurs (≤ 6 h) auraient un risque plus de 2 fois supérieur comparativement aux bons dormeurs (7-8 heures).
D’autres études ont conforté ces travaux en montrant que la privation de sommeil entraine le jour suivant une augmentation de la prise alimentaire spontanée pouvant atteindre une valeur de 750 kcal. En outre, la privation de sommeil s’accompagne d’une sensation de fatigue et réduit l’activité physique spontanée.
En pratique, le clinicien devrait probablement intégrer le paramètre « profil de sommeil » dans la consultation des patients obèses, ou ayant un syndrome métabolique ou un diabète.
Et ce, d’autant qu’il a été montré que la privation de sommeil interfère avec les programmes de contrôle du poids, la perte de poids obtenue chez les petits dormeurs se faisant davantage au détriment de la masse maigre plutôt que de la masse grasse.
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