Publié le 30 nov 2011Lecture 2 min
Triumvirat glycémique et complications diabétiques : le tout est-il plus grand que la somme de ses parties ?
L. MONNIER, Montpellier
La dysglycémie du diabète peut être décrite par trois désordres glycémiques que l’on peut regrouper sous le vocable général de « triumvirat glycémique » : l’hyperglycémie soutenue et chronique ou hyperglycémie ambiante, la variabilité glycémique et les épisodes hypoglycémiques. L’influence respective de ces trois désordres glycémiques sur le risque de complications diabétiques reste un sujet de débat.
À titre d’exemple, les « méga études », appelées ainsi parce qu’elles portent sur de grandes populations de patients, sont à la fois source d’excitation et de désillusion avec leur lot de preuves et de contre-preuves parfois inattendues. Pour mémoire, l’une des « méga études » les plus célèbres, l’UKPDS, a démontré que la réduction de l’hyperglycémie ambiante s’accompagne d’une diminution du risque micro- et macrovasculaire. Cette heureuse nouvelle, attendue par les investigateurs de l’UKPDS, fut suivie d’une deuxième bonne nouvelle : les sujets gardent à distance la « mémoire » de la période de réduction glycémique. La mauvaise nouvelle fut que les sujets ayant amélioré leur équilibre glycémique pendant la période de suivi intensif relâchèrent leurs efforts après leur sortie de l’étude.
Une autre désillusion est celle de l’étude ACCORD. Dans cet essai, les décès furent plus nombreux chez les sujets trop bien équilibrés. Les hypoglycémies plus fréquentes en furent-elles responsables ? La question reste posée. Même si la nocivité cardiovasculaire des hypoglycémies reste hypothétique, les leçons apportées par l’enregistrement glycémique continu nous indiquent que les hypoglycémies sont certainement beaucoup plus fréquentes que prévu si on tient compte de l’ensemble des hypoglycémies, qu’elles soient silencieuses ou non. De surcroît, toutes les hypoglycémies sont sûrement beaucoup plus nombreuses lorsque la variabilité glycémique augmente.
Bien qu’il n’existe que des preuves indirectes, il est probable que les fluctuations aiguës de la glycémie entre pics et nadirs, désignées parfois sous le terme de « vagues dangereuses », ne sont pas exemptes d’effets secondaires comme semble le montrer l’intensité du stress oxydatif qui est suractivé chez les sujets dont la variabilité glycémique est la plus forte. Ces derniers sont eux-mêmes ceux dont l’hyperglycémie ambiante est la plus élevée.
Ainsi, à l’effet délétère individuel de chacune des composantes du triumvirat semble se surajouter un cercle vicieux où l’hyperglycémie ambiante est source de variabilité glycémique, laquelle augmente le risque d’hypoglycémie. En bref, les relations entre les trois partenaires du triumvirat glycémique et les complications diabétiques apparaissent à la fois comme les maillons d’une chaîne et les rayons d’une roue. Ces relations complexes pourraient être résumées par le célèbre aphorisme d’Aristote : « Le tout est plus grand que la somme de ses parties ».
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