Publié le 16 avr 2020Lecture 2 min
Et pourquoi pas un essai des anti-TNF ?
La rédaction
L’expérience acquise avec les anti-TNF dans les maladies auto-immunes inflammatoires depuis plus de 20 ans mérite sans doute de s’intéresser davantage aux potentialités thérapeutiques de ces biothérapies dans le cadre du COVID-19, pour les auteurs de ce commentaire paru dans le Lancet.
Il est vrai que le TNF est un acteur important de tous les processus inflammatoires où il agit comme un amplificateur. Or, l’infection à coronavirus s’accompagne d’une régulation à la hausse de cytokines pro-inflammatoires et d’une prolifération de monocytes qui expriment le TNF. M. Feldmann et coll. citent des travaux précliniques chez l’animal montrant des effets bénéfiques du traitement anti-TNF sur les infections à virus respiratoire syncytial et à virus grippal. Dans la polyarthrite rhumatoïde, les anti-TNF induisent une diminution rapide des concentrations d’IL-6 et IL-1 ainsi qu’une réduction des molécules d’adhésion et du VEGF, impliqués dans la fuite capillaire. Une unique injection d’anti-TNF pourrait bloquer l’accélération du processus inflammatoire pulmonaire qui fait toute la gravité du COVID-19.
M. Feldmann et coll. estiment que le moment optimal pour évaluer les anti-TNF serait une administration dès l’admission à l’hôpital avant le stade de réanimation intensive.
Ce traitement augmenterait-il le risque de surinfection bactérienne ou fongique ? Deux études randomisées chez des patients en choc septique n’ont pas montré de sur-risque d’infection secondaire après administration d’anti-TNF. Une étude observationnelle chez des sujets ayant une polyarthrite rhumatoïde et présentant des infections sévères a comparé l’évolution chez 399 patients traités par anti-TNF et chez 444 patients sous traitement de fond : 11 % des sujets sous anti-TNF ont présenté une septicémie, dont 43 % sont décédés, comparativement à 17 % dont 74 % décédés sous DMARDS. Paradoxalement, dans un contexte clinique comparable, l’étanercept, anticorps monoclonal de fusion bloquant le TNF, augmente un peu la mortalité, sans doute en raison de son élimination plus rapide.
Enfin, le registre Secure-IBD qui collige les données des patients traités par anti-TNF pour une maladie inflammatoire intestinale ou une polyarthrite rhumatoïde a rapporté le 6 avril 116 patients COVID-19, dont 99 ont guéri sans hospitalisation et 1 décédé. Comparativement sur 77 patients sous sulfasalazine/mésalamine, la moitié ont guéri sans hospitalisation et 6 sont décédés.
Ces quelques éléments plaident pour les auteurs en faveur d’un essai clinique des anti-TNF.
M. D.
Feldmann M et al. Trials of anti-tumour necrosis factor therapy for COVID-19 are urgently needed. www.thelancet.com Published online April 9, 2020 https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30858-8
Avec le soutien institutionnel de
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :